Demain, on s’envole pour le Cambodge : première escale à Phnom Penh, la capitale, avant de relier la côte, ses plages et terminer en apothéose à Angkor ! Alors, à demain !
J84 – 24 novembre 2018 : C’est maintenant devenue une sorte de tradition : pour chaque nouveau pays, nous nous imprégnons de son ambiance en visitant ses marchés. Aussi, après nos deux vols et transit à Bangkok de la veille et quelques achats de base, nous nous rendons dans un des marchés de Phnom Penh afin d’y découvrir la population, les odeurs, épices, légumes et fruits. À côté de notre hôtel, se trouve justement un petit marché. Nous arpentons ses allées : une fois de plus, comme dans tout marché asiatique, on y trouve de tout et, derrière un apparent désordre, c’est très bien organisée. Lanternes et lampes, miniatures des temples d’Angkor, contrefaçons des plus grandes marques, jouets, pierres plus ou moins précieuses.
Une allée retient particulièrement notre attention : ici, on y vend tout l’attirail du parfait bouddhiste : feuilles d’or, petits temples, encens et bougies. On y vend aussi de parfaites contrefaçons de billets de toutes les monnaies du monde ressemblant incroyablement aux vrais ! Nous comprendrons par la suite que c’est un bon moyen pour les fidèles de faire de « vraies-fausses » offrandes dans les temples et, cela ravira les enfants qui repartent avec des liasses de 5 et 10 dollars. Parfait pour jouer à leurs jeux de rôles du moment : l’aéroport et le marché, moins pour nous quand, de temps en temps ils sortent leurs liasses semant le doute auprès des personnes autour de nous. Disons qu’ils ont vite arrêté de faire des avions en papier avec leurs faux billets …
Nous continuons nos découvertes au coeur des fruits : fruits du dragon, mangue, papaye, goyave, litchi, fruits de la passion, leurs parfums sucrés et exotiques sont aussi exacerbés que leurs couleurs : du rose pétant, du vert fluo, des oranges vertes, on croirait à des créations artistiques !
Nos narines en alerte, nous repartons vers les étales de poissons séchés, viandes crues, crevettes séchées, bouillons et oeufs en tout genre. Autant vous le dire d’entrée de jeu, on ne goûtera pas les oeufs roses et encore moins les noirs !!!
Ici, en revanche, pas d’insectes. Le Cambodge est connu pour ses recettes de tarentules, chenilles et criquets, mais il ne semble pas que la capitale soit la région où l’on en cuisine. Après cette balade olfactive et parfois étouffante, nous longeons le Mékong d’où partent de nombreux bateaux croisières pour admirer le coucher de soleil. Le ciel couvert nous décidera à nous poser en terrasse plutôt que de tenter l’expérience. Sur les berges, beaucoup de Cambodgiens s’affrontent au kin ball, un jeu de pieds avec des petits volants, très apprécié en Asie.
Nous terminerons notre première journée de reconnaissance en traversant le night market au son de la flûte d’une victime des mines anti-personnelles encore très présentes dans le pays, (🎵écouter la mélodie), et en dînant dans un excellent restaurant Vietnamien ! Original nous direz-vous que de choisir de manger vietnamien dans la capitale cambodgienne mais pour la petite partie historique, il faut savoir que ce sont les Vietnamiens qui ont libéré Phnom Penh des Khmers rouges et qu’ici, il y a autant de Khmers que de Vietnamiens.
J85 – 25 novembre 2018 : Ce matin, Lolo part seule découvrir une partie sombre de l’histoire Cambodgienne, pendant que les enfants et Antoine vont chez le coiffeur. Le musée du génocide se trouve au sud-ouest de la ville. Le S21 était à l’origine un lycée, un lieu d’éveil et d’éducation qui a été pendant le régime de l’Angkar transformé en lieu de torture et de mort de tous les opposants au pouvoir. Pour ceux qui voudraient comprendre ce qu’il s’est passé, nous ne pouvons que vous recommander de lire le livre de Loung Ung : d’abord, ils ont tué mon père qu’Angelina Jolie a adapté pour le cinéma, de regarder les documentaires sur le S21 ou ce magnifique film qu’est la déchirure. Nous rappellerons juste que le régime des Khmers rouges est responsable de la mort de plus 3 millions de personnes. Une fois les grilles passées, l’ambiance est lourde dans le lieu. La visite est proposée de manière libre ou accompagnée par un audio guide. On pénètre dans la cour principale qui ressemble à n’importe quelle cour d’école à un détail près : les 14 tombes anonymes, qui en longent l’extérieur. Ce sont les tombes de 14 détenus retrouvés morts encore enchaînés sur leurs lits de tortures par les Vietnamiens à la libération de la ville et qui n’ont, jamais pu être identifiés. L’audioguide est poignant, instructif, prenant, lourd de vérité. On y entend des faits historiques, des témoignages de rescapés (7, seulement, sont sortis vivants) mais aussi des tortionnaires. Au fur et à mesure, on passe de salles en salles, les récits d’horreur dans les oreilles, les visages enfantins des geôliers et apeurés des victimes nous entourent. On prend conscience des atrocités qui ont eu lieu, des règles abjectes qui y étaient établies, garantie d’une unique issue funeste. Une fois de plus on s’offusque de la cruauté de l’Homme envers ses semblables. Mais au delà du récit, le message porté ici est de nous rendre responsables : maintenant que nous avons vu et entendu, nous sommes témoins. Nous ne devons jamais oublier, raconter et transmettre. Ce rôle de témoin et son importance sont d’ailleurs gravés sur une stelle rouge à l’entrée du musée, seule photo que Lolo décidera de prendre. Car ici on ne vous interdit pas de prendre des photos avec toutes les dérives touristiques que cela peut sous entendre … Et, on voit même des personnes, sans doute peu avisées ou crédules, prendre des selfies à tout va … Sans doute n’ont ils pas compris qu’ici des gens sont morts dans d’atroces souffrances pour le simple fait par exemple d’avoir porté des lunettes signe de leur éducation. Sans doute ces personnes seraient capables de se prendre en photo de famille sous les portails à l’entrée d’Auschwitz ? Parenthèse point de vue fermée, à la question de venir avec les enfants ici, nous avons clairement choisi de ne pas les confronter à cette réalité. Nous les avons informé de ce qu’il s’est passé, leur avons transmis l’histoire du pays, mais, certaines images ici, sont de notre point de vue, trop dures pour eux. Si, toutefois, certains voulaient tout de même emmener des enfants, sachez que le musée lui même le déconseille fortement en dessous de 10 ans. Enfin, il serait mieux de prendre à ce moment là, un vrai guide capable de transmettre sans entrer dans les détails et d’éviter les salles les plus choquantes : il faut savoir que certaines pièces n’ont jamais été modifiées ou nettoyées depuis l’arrivée des vietnamiens… La visite se termine avec la présence d’un des 7 rescapés du S21 : un peintre Vann Nath qui grâce à son talent artistique a été épargné de tortures mortelles pour réaliser des portraits de Pol Pot. Il y vient chaque jour pour témoigner et prouver que cela a bien existé. Son histoire est d’ailleurs racontée dans un excellent documentaire qu’une fois de plus nous vous recommandons.
Pas facile après cette visite de se remettre tout de suite dans le rythme vacancier, mais les sourires des enfants aident beaucoup et les couleurs et odeurs du marché russe seront une excellente transition. Le vrai réconfort viendra des succulents mets cambodgiens que nous découvrirons au Kravahn: Amok Trei au poisson, chips de feuilles de basilic, beignets de légumes… L’amok trei est un plat traditionnel cambodgien. Il s’agit d’un mélange de viande ou de poisson cuit avec des épices et du lait de coco dans une feuille de bananier ! C’est un régal ! (🍍découvrir la recette)
Et comme si nous n’étions pas rassasiés et pas gourmands du tout, nous terminerons notre journée autour d’un boeuf carotte et d’un hachis Parmentier dans l’excellent restaurant français le bistrot Langka. Bon c’est pas donné mais cela nous fait du bien de retrouver le temps d’une soirée les bons petits plats de nos mamans. Pour le clin d’oeil, Joyeux anniversaire Moune (maman de Lolo)… Et Xav (frère d’Antoine).
J86 – 26 novembre 2018 : Alors que nous devions visiter le Palais Royal, fameux pour son extérieur, nous nous réveillons sous une pluie battante et un ciel gris digne d’un mois de novembre à Lille !(A Lille où, Marie, la soeur de lolo, a 40 ans aujourd’hui .. Alors, Bon Anniversaire !!!) Nous apprendrons que nous sommes dans la queue d’un typhon qui s’abat en ce moment au Vietnam. Les enfants paraissant moyennement motivés pour aller faire le musée national… Nous nous rabattrons donc sur un ultime marché : le marché central. Clairement, c’est plus histoire d’avoir fait une activité et de bouger un peu.
Ce ne sera pas une franche réussite … Le marché est moins coloré que les précédents et, des produits chimiques utilisés pour confectionner un stand nous ferons tourner la tête à tous … Retour à la case hôtel pour passer une soirée au calme et refaire nos bagages. Nous gardons un souvenir assez mitigé de Phnom Penh… Il nous a semblé que la ville ait beaucoup des mauvais côtés des grandes villes asiatiques : pollution, trafic, déchets sans posséder les atouts et le charme des autres. Ce n’est qu’un point de vue sans doute fortuit puisque la météo n’a pas non plus aidé. En revanche, on est conquis de cette première découverte culinaire, vous l’aurez compris !!
Demain, on démarre notre circuit cambodgien. Première étape à Kep, découvrir la jungle, la côte et ses crabes, ses pêcheurs et ses plages .
Alors à demain.
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