Demain, on rentre à la maison, retrouver nos proches, nos familles, notre confort et nos habitudes, cette routine que l’on a fuit et on quitte cette vie de nomades, on arrête de refaire sans cesse nos bagages, on redécouvre le rythme effréné que nous avions laissé. Demain, on rentre, demain, on réfléchit, demain, on pleure, demain, on s’extasie, demain on butte, demain, on rit… 60 jours après le dernier atterrissage, récit du retour d’un tour du monde en famille : paroles d’un autre voyage !
09 octobre 2019 : « Alors, c’était bien ? » C’est la première question et on a à peine le temps de réfléchir à la réponse réelle qui pourrait durer 3 heures qu’arrive la seconde : « Et le retour ? Pas trop dur … ? » Et la réponse est … finalement banale ! Ba oui, c’était bien ! J’ai envie de crier que c’était même incroyable et mes tripes se tordent ! Que c’était tellement magique qu’une partie de nous est transformée à jamais et donc que bien sûr que le retour à « la réalité » est dur ! Parce que notre réalité a été différente pendant un an en voyage et que non, ce n’était pas une parenthèse, un livre qu’on a fermé depuis qu’on a atterrit. Je ne sais pas si cela rassure ceux qui n’osent pas partir ou n’osent même pas y penser qui ont ce petit sourire en coin quand on leur répond que c’est hard, qu’on est un peu paumé mais pour rien au monde nous ne regrettons pour autant ce que nous avons vécu et entrepris !
Alors oui, on ne va pas se mentir, passées les deux semaines d’euphorie, de retrouvailles chaleureuses, de rires et de complicité, de fêtes, le manque s’installe, un petit vide qui s’enracine en nous. Une absence étrange, une distance entre celui que nous étions, celui que nous sommes et celui que nous avons été pendant un an. Bizarre comme le pays nous manquait quand nous en étions loin et comme cette vie qui était la nôtre nous semble étrangère maintenant. Pourtant on est contents d’être rentrés ! Parce que la vie de nomades ce n’est pas si simple tous les jours, non, ce ne sont pas des vacances, qu’on en avait marre de vivre les uns avec les autres, qu’on en avait assez de faire et défaire nos valises, que nos corps étaient fatigués et que, quand le retour approche on se rêve avec sa famille, dans les bras de ses amis, dans sa maison, dans son lit, dans sa rue, dans ses commerces (oui, je vous jure que je rêvais de faire les courses !!) face à une cheminée, une assiette de raclette et un bon verre de vin. On rêvait de coiffeur, de robes, de copains et d’écoles.
Alors on rentre, on reprend notre vie, on reprend le rythme, soutenu, rapide, le temps qui passe, qui file, on ne saisit plus l’instant, on ne sélectionne plus les moments de pause, on ne maîtrise plus le temps et c’est là qu’on se rend compte qu’on a été libre pendant un an ! On repense à la chance folle que l’on s’est créée en partant faire le tour du monde en famille et on sourit ! Le temps qui nous fait défaut maintenant, le temps qu’on aimerait accélérer pour sortir de cet état si étrange, si bizarre… Ces émotions nouvelles, comme … comme après un accouchement ? Alors, il y aurait un travel blues ? Non … Vous croyez ?!? Enfin, je dis on, mais cette dépression post-portum comme je l’appelle, elle semble particulièrement me toucher moi, qui écrit ces lignes ! Aujourd’hui, je suis paumée, c’est vraiment le mot. Je recherche des richesses et de quoi nourrir ma curiosité, un peu partout, je cours à droite et à gauche, je cherche un projet, une idée, un plan, une destination, une perspective ! Je dis noir aujourd’hui, ce sera rouge demain, et gris vendredi ! Je veux déménager et rester chez moi, je veux changer de boulot et m’inscrire dans la stabilité, je veux voyager mais je n’ai pas envie de bouger, je veux changer de vie et j’apprécie chaque jour de la mienne !
C’est ça le post portum ! Comme c’est égoïste ! Après avoir vu tant de choses, tant de belles histoires humaines, tant de richesses et de pauvreté, de vraies tristesses aussi… Dur d’accepter de ne pas être bien alors qu’on ne manque de rien ! Pourtant le post-portum chamboule ! Ce n’est pas de l’ennui, ni du désintérêt, c’est un état à part, qui va passer. C’est un mélange d’émotions nouvelles, de questionnement ininterrompu ! Des moments d’inattention, happés par les souvenirs, des étoiles dans les yeux. Des moments d’interrogation, des vagues de nostalgie, de sincères déclarations d’amour et d’amitié, des moments de partages plus sincères, des besoins plus primaires, des émotions plus intenses.
C’est ça le retour d’un voyage, c’est un nouveau voyage intérieur qu’on a entamé en grimpant dans l’avion ce 30 aout 2018 et auquel on n’avait pas pensé …
Alors, au final, pour le moment, la question qu’on aimerait qu’on nous pose ce n’est pas de savoir si c’est dur, si c’était bien et de quoi sera fait notre demain ? Mais tout simplement de savoir comment on va là tout de suite, à cet instant 😉 Et rien qu’avec ça, on aura déjà plein de choses à vous partager 🙂
Laurène
9 octobre 2019Oh je m’y retrouve tellement ! Notre retour date d’il y a presque 3 mois et je vais justement écrire un article à ce sujet. Beaucoup de similitudes à votre bilan. Le travel-blues est carrément présent en ce qui me concerne… bien que nous soyons encore en transit français, dans l’attente d’un autre départ vers une autre vie sédentaire Outre-Atlantique.
Ravis d’être rentrés pour retrouver la famille et les amis comme tu l’exprimes mais passé cette joie des retrouvailles, le mouvement manque cruellement, les rencontres, la nouvelle culture, la langue à comprendre si c’est possible 🙂
Et cette liberté touchée du doigt, vécue pendant ces mois de découvertes… qu’elle me manque !
Ce qui nous booste, c’est de revoir les copains voyageurs, de partager nos expériences de retour, nos projets et notre vision commune du voyage. Merci pour cet article dont nous partageons entièrement la vision !
Prenez soin de vous,
Laurène
TEAMDUCROCQ
9 octobre 2019Merci Laurène pour ton retour. Nous nous retrouvons aussi avec d’autres voyageurs, un besoin sans doute de retrouver des racines communes 🙂 Bonne continuation dans vos démarches pour le Canada !!